L’iconique déménagement de Lex Luthor

L’iconique déménagement de Lex Luthor


Interrogé sur les tombes moléculaires, j’ai refusé de répondre… 

Sur les catacombes modernes, l’enfouissement des déchets, le retraitement des usés, des pensées à recycler et autres émotions à remettre en circulation… 

Couché dans la paille de ta paume, vaccinations contre le gel, terminaisons nerveuses germant à l’abri de ton sourire… 

La chaleur abasourdie, abusant de son pouvoir, éternelle sauvage à la bouche enflée, route à bosses et à rebours, bouteilles translucides…

Orange à bosse et baleine sans traitement après récolte… 

Couché dans la maille de ta faune, le crâne au repos, traversé d’aiguilles de pin… 

J’envisage le ciel avec des yeux de pie, encastré dans un arbre, avec les ronds-de-cuir et les cercles concentriques du temps… 

Négociant en vain, commerçant raté, débutant en tout, revenu des plaines et capuchonné par les montagnes… 

Tourné vers le virage soyeux, penché dans la vitesse, prune sucrée, folie fruitière… frottement des abeilles, courbure des ailes et de l’horizon… du ventre part la douleur… lames de distinction… coupures saignantes… 

Fastidieuse pelouse, dans le four de la fièvre le corps amenuisé, vissé par un menuisier, ses parties invisibles patiemment assemblées… je me compte, me recompte, mesure à l’envers, déplie les instruments de reproduction… 

Interrogé sur tout cela, j’ai refusé de répondre car il ne s’agit pas de mots, ni d’idées… 

Se déploient en dedans des volutes et des draperies bien plus blanches qu’on imagine… 

Je pourrais en faire des tonnes, je pourrais tenter de flatter le dieu sauvage, lui dire ce qu’il a envie d’entendre… lui bourrer la bouche de coton… 

Il ne dit rien, lui qui n’est pas buvard… 

Bientôt il en a totalement pris la couleur… correctement arrangés, cela ne fait pas de mal, carène pouilleuse, sillon biscornu, je claudique et me retourne sans cesse, ce qui n’aide pas à marcher droit… qui a dit qu’il fallait marcher droit ?

Interrogé sur les clans rivaux et les soufflets, sur les rires funéraires et les embaumements de fleurs sur les trafics de pollen et les branches suspectes des familles du lac, sur l’appoint mesuré, sur l’échange des alliances, je n’ai su que dire…

Alors on m’a demandé si la perspective mentait, si la neige fertilisait le Sahara, si le Sahara fertilisait l’Amazone, si la cohorte des pucerons et des fourmis menait quelque part ? 

On m’a questionné sur l’intelligence des pierres et les fentes du tronc, la démesure de la pizza quatre fromages, sur l’inégalité entre les ex(s), la poudre aux yeux et autres techniques de maquillage, la pointe des chaussures cirées et sur l’iconique déménagement du temple de Lex Luthor…

Muet, j’ai écouté les autres questions portant sur l’accessibilité des chats à notre intelligence, la surface temporaire de la montagne enneigée, les frissons de cette femme, l’ampleur de la respiration et le souffle temporaire des bancs de poissons glissant sous le postérieur, l’humide référence aux trémas d’Anaïs Ninn, les entourloupes de la paix et les certitudes de la guerre…

Sur le venin en bouteille, les capuchons de stylo renfermant les romans à venir (il suffit de les secouer pour entendre le brouhaha), sur l’ambiguïté des flammes, sur la lumière blanche des embruns et la prudence des bergers, sur l’irritant barnum des canopées, les fragments d’histoires hachées dans les bûches de l’âtre, et de Tassigny… tout cela on me l’a demandé…

J’ai fait celui qui ne savait pas… l’idiot du village… 

On a continué à me questionner à propos des redoutables papillons du soir, à propos des gémissements de l’humus, la couleur de sa paume et la longueur de ses ongles, à propos de l’attente, du labour, du tourbillon des auto-tamponneuses, du massacre des flippers, de la dévastation consécutive à ces questions ne laissant derrière elles qu’une longue trace blanche, qu’un sillon entre deux lignes d’écriture, que de nouvelles réponses, cette fois sans question…

Lentement, avec de l’amour emballé dans les paupière et de la tendresse bruissant dans les oreilles, je me suis approché de la fin de la page… mon soulagement n’avait d’égal que la taille de mon ignorance révélée. 


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