Tendu comme un Strindberg
« Quarante-huit heures durant, je suis resté prisonnier dans un wagon, obligé d’aspirer l’acide carbonique et l’azote d’hommes qui m’étaient inconnus. Ma première pensée fut de les détester, car ils me dérangeaient, ces êtres, me forçant à retenir le dessin des traits de leur visage, m’imposant par la violence d’entendre leurs conversations qui mettaient en mouvement mon cerveau. Et j’étais sans défense contre ces atteintes portées à l’autonomie de mon âme, inutilement révoltée, entraînée qu’elle était aux voies de la vulgarité par l’audition d’idées banales. «
August Strindberg, Sensations détraquées (Les éditions du Chemin De Fer)