Fin de règne
Un livre étonnement triste comme si la bouffonnerie de la réalité avait pris Patrick Rambaud de vitesse et que le pauvre satiriste était bien en peine de rattraper la vraie politique, malgré sa plume acérée et vive d’allure. Rambaud déroule sans y croire la litanie dépitée des déboires politiques de la fin de règne de François Le Petit.
Si son opus précédent était vif et joyeux, celui-ci est crépusculaire et désabusé.
Ce fin observateur à l’esprit ricanant ne parvient pas à la hauteur de la déconfiture. Comment ajouter à l’ironie des événements ? Comment satiriser Trump qui par ses mots et son attitude est au-delà de la satire ? Nos hommes politiques détruisent la satire en la mimant, en étant même pire. Ils déshabillent le fou du roi pour lui piquer son bonnet à clochettes et le revêtir, espérant que cela fera revenir les électeurs. Sûrement pas ! Mais cela nous prive des bons mots du bouffon Rambaud qui fatigue à la tâche. Ce n’est pas de sa faute. En se caricaturant eux-mêmes, les hommes politiques lui retirent le tapis de sous les pieds et rendent notre Saint Simon moderne bien désarmé. Déplumé.
Les derniers mots du livre résument l’état d’esprit pré-présidentielle. Il raconte le discours de renoncement de François Hollande et le clôt de ce couperet brutal : « Après lui, le déluge ».
L’introduction prend le large (« c’était vraiment un sentiment étrange : plus notre planète s’uniformisait et plus elle se fragmentait. ») avant de revenir sur nos rebondissements politico-médiatiques avec une certaine lassitude. Rambaud, qui raconta la vie politique annuellement pendant le quinquennat de Sarkozy, s’est contenté de deux livres pour celui d’Hollande (une notule aurait certainement suffit). Dépité l’auteur ? Comme nous tous.
L’irresponsabilité et la folie de nos dirigeants aura même réussi à user le plus vitriolique de ses observateurs. C’est la mauvaise nouvelle de ce livre, décidément bien dans l’air du temps. Il le dit plus par ses faiblesses que par ses forces.