La chute des corps – Chapitre 22/24
Chapitre 22
Marc-Antoine se retrouva dans l’ascenseur traversé d’émotions contradictoires et de forces mortifères libérées par le vieil architecte. Il se diagnostiqua du repos, du calme, de doux moments avec sa femme… Christiane, Christiane… Christiane est en sécurité avec les autres, elle ne craint rien.
D’abord, il devait retrouver Alix pour tout lui raconter. Dans le fouillis du chantier, il eut beau l’appeler et chercher à la lumière de son téléphone portable, il ne la retrouva pas. Il en conclut qu’elle était rentrée chez elle. Il tenta de l’appeler et tomba sur son répondeur.
En avisant les jerricans d’essence du générateur, une idée terrible mais évidente lui vint : il devait agir, détruire l’origine du mal. Cela signifiait allumer le chalumeau et le diriger vers les containers en plastique contenant l’essence.
Dans la précipitation, Marc-Antoine jugea mal le temps nécessaire à la fuite. Il n’avait pas encore quitté le chantier qu’une série d’explosions retentirent et qu’une poutre de béton s’écroula sur lui. Elle écrasa sa cage thoracique tout en lui octroyant avec générosité, comme le hasard sait l’être dans les pires moments, une minute de conscience lucide pour voir le reste de la tour s’effondrer.
Une avalanche sonore terrible résonna contre tous les versants de la vallée, roulant son avertissement jusqu’aux sommets muets, avant de s’éteindre dans le silence glacial et stupéfié.
Le coeur écrabouillé de Marc-Antoine s’arrêta de battre, incapable de lutter contre le poids des pierres, matériau immémorial de la vengeance.
… à suivre…
©Guillaume Desmurs/La Chute Des Corps/2017