La mariée était à bout de souffle

Une toute petite chronique pour un tout petit livre (Mariage en douce, éditions Equateurs). Un tout petit écrin pour deux si grandes vies. Je ne sais pas comment Arian Chemin, l’auteur, a réussi à faire tenir tout ce capharnaüm que sont les existences de Romain Gary et Jean Seberg dans 150 pages écrites très gros. Ce n’est pas la taille qui compte, certes, mais Ariane a peu à raconter. En réalité, ce livre existe car elle est tombée sur un petit os – un reste de festin – et elle a senti, avec son instinct de journaliste, qu’il y avait de quoi ronger : le mariage secret des deux stars.

J’aime Gary, autant sa vie que ses livres, et sûrement plus la première que les seconds. Jean, elle, était l’une des plus belles femmes des sixties, et un archétype de beauté gravé au fin fond de mes neurones. Ariane Chemin a donc remonté le fil d’un mariage organisé par d’anciens membres des services secrets, dans un petit village corse, sans témoins, entre Gary et Seberg. Elle a retrouvé l’un des organisateurs, fameux danseur de tango aujourd’hui, qui lui confirme la chose et lui livre quelques souvenirs en mode poulet froid/moutarde. Voilà. Il n’y a pas de révélations fracassantes, juste un mariage arrangé à la hâte et un vieil homme qui le raconte pour la première fois.

Alors Ariane rame un peu pour atteindre la cote 150 (rappelons-le : le nombre de pages). Elle se lance dans une biographie expresse pour combler les vides. Heureusement, elle a une plume et le flair de relever le détail signifiant, le petit fait vrai. Elle entremêle à cette journée finalement assez triste du mariage, la vie commune de l’écrivain et de l’actrice. C’est presque maussade. Et c’est ce qu’il y a de plus réjouissant, paradoxalement. Pas de clichés de stars rayonnantes et de mariage flamboyant. Ici, on assiste à l’union de deux curieux spécimens.

« Pour la mariée, on a arraché à la hâte au maquis un triste petit bouquet ». Pour le lecteur, Ariane Chemin à arraché à la hâte à l’Histoire un mélancolique petit livre.